C’était il y a 50 ans.
Les Rolling Stones décident de traverser la Manche et de trouver refuge dans le Sud de la France. Si Mick Jagger se laisse charmer par les hauteurs du village de Biot, Bill Wyman et Mick Taylor par le Cap d’Antibes et Saint-Paul-de-Vence, Keith Richards jette lui son dévolu sur l’une des plus légendaires demeures de la Riviera, tout juste rénovée par l’architecte Joseph Karam : la villa Nellcote.
C’est en 1899 que le banquier Eugène Thomas fait construire le château Amicitia à Villefranche-sur-Mer. Dessinée dans un plus pur style néo-classique, la propriété est édifiée face à la mer, protégée au sein d’un hectare de végétation luxuriante, juste au-dessus de la rade de Villefranche.
Classique le château Amicitia ? Avec ses quatre mètres de hauteur sous plafond, ses imposantes colonnes de marbre, ses moulures et ses dorures, cette propriété s’impose surtout comme l’une des plus incroyables vitrines de la Belle Époque sur la French Riviera. Et comme pour mieux asseoir sa légende, c’est l’un des rescapés du Titanic, Samuel Goldenberg, qui la rebaptisera Nellcote en hommage à son épouse Nella.
Une localisation exceptionnelle, une propriété à l’intérieur fastueux et un parc gorgé d’essences méditerranéennes. Voilà de quoi séduire le guitariste du plus grand groupe de rock du monde alors en recherche d’un lieu de résidence sur la Côte d’Azur. Keith Richards déclarait d’ailleurs dans son autobiographie Life, sortie en 2010, qu’il était impossible de demeurer insensible à l’aura de cette demeure : « Si tu te réveillais fracassé le matin, un tour dans ce château étincelant suffisait à te remettre d’aplomb ». Pourtant, c’est tout autre chose qui décidera l’acolyte de Mick Jagger à s’installer dans la Villa Nellcote. Cette propriété possède en effet une caractéristique peu commune qui avait déjà séduit la Gestapo sous l’occupation : un incroyable et interminable réseau souterrain de caves et de tunnels. Le guitariste y voit tout de suite des possibilités instrumentales infinies pour enregistrer un successeur au déjà culte Sticky Fingers.
C’est donc dans le souterrain de l’une des plus luxueuses et légendaires propriétés de la Côte d’Azur que les Stones installeront tout leur équipement studio à partir du printemps 1971 et jusqu’à l’été 1972. Pendant plus d’une année, la Villa Nellcote vivra au rythme rock n’roll de ses illustres occupants, entre soirées dantesques riches d'excès de toutes sortes où se presse la crème du star système mondial et séances de composition et d’enregistrement. Il en sortira le seul double album studio jamais réalisé par le groupe, le génial Exile On Main Street. Un disque décalé, hybride et un peu fourre-tout mais tellement brut. Et qui définit parfaitement le son et l’esprit rock, soul et bluesy des Stones de l’époque. Incontournable.
Aujourd’hui, la Villa Nellcote tient sa place au sein du rang des plus belles villas qui ont fait l'histoire de la Côte d’Azur. Mais plus que d’autres, son nom brille aussi au firmament de la galaxie de ces grands lieux qui ont contribué à écrire l’historie du rock. Une lumière façonnée au soleil de la Méditerranée.
Shine a light, disaient-ils.
© Sébastien Didier pour Valmont Riviera
Crédit photo : Dominique Tarlé
Pour aller plus loin :
https://www.arte.tv/fr/videos/092560-000-A/la-verite-sur-la-villa-nellcote/
https://www.rollingstone.fr/les-stones-reviennent-sur-lenregistrement-de-exile-on-main-street/
https://www.lagaleriedelinstant.com/dominique-tarle/
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